La 5G : démêler le vrai du faux

L’arrivée de la 5G, cinquième génération de téléphonie mobile, est la source de nombreux questionnements et suscite diverses confusions. Au cours de la convention citoyenne pour le climat, les 150 volontaires présents pour voter et débattre des propositions ont pointé la 5G comme étant énergivore, polluante et « sans réelle utilité ». Qu’en est-il réellement ? À la lumière de l’émission « Toutes vos questions sur la 5G » ayant eu lieu le 13 juillet 2020 sur France Inter, issue de la série « Le téléphone sonne », ainsi que des propos d’Alain Sibille, professeur à Télécom Paris et secrétaire général d’URSI-France, dans l’article « Installation des antennes, données personnelles… Le vrai du faux sur la 5G » publié le 10 juillet 2020 dans le journal « 20 Minutes », nous en dressons ci-dessous un court bilan.

La 5G est prévue pour être déployée progressivement dans de nombreux pays européens, aux Etats-Unis et en Chine notamment, entre 2020 et 2021. Elle fonctionnera principalement dans la bande 3,4-3,8 GHz, comme l’explique Alain Sibille, ainsi dans un second temps que dans les bandes « millimétriques » (28 GHz). Il y aura donc une montée en fréquence par rapport aux générations précédentes, mais aussi une plus grande quantité d’antennes dont les émissions seront plus faibles et dont la portée sera moindre. En conséquence, il est attendu que la 5G rende la téléphonie bien plus rapide tout en permettant une plus grande circulation des données et une plus grande qualité de téléchargement des médias, mais cette nouvelle technologie ira aussi et surtout bien au-delà des usages de la 4G.

Davantage de rapidité et d’efficacité des objets connectés

Comme l’explique Hervé Le Bars, ingénieur et porte-parole de l’AFIS, l’Association française pour l’information scientifique, une plus grande fiabilité est prévue, impliquant des temps de réaction plus courts, une communication téléphonique sans coupures et une possibilité de parler même lors de grosses concentrations de populations à un même endroit. La 5G impliquera probablement une amélioration de la situation de certaines « zones blanches », actuellement non desservies par un réseau, grâce à une meilleure capacité de raccordement aux zones bien desservies. En outre, Alain Sibille rapporte : « Le 5G va être un moyen très important de généraliser l’Internet des objets » ce qui donnera lieu à une série d’innovations, notamment dans le secteur de la santé (télémédecine) ou encore dans le transport. Cependant, des interrogations subsistent au sein de la communauté scientifique ainsi qu’auprès du grand public en termes d’impacts potentiels sur la population et l’environnement.

Un impact sur la consommation énergétique

Hervé Le Bars souligne que l’arrivée d’une nouvelle génération implique une moindre consommation d’énergie que pour la précédente génération pour un même usage. En revanche, une augmentation de la consommation énergétique pourrait avoir lieu à cause de « l’effet rebond », autrement dit à l’accroissement drastique des usages. Heureusement, comme l’énonce Alain Sibille, les équipements spécifiques à la 5G seront bien plus performants et efficaces que ceux de la 4G, néanmoins on doit s’attendre à un certain accroissement de la consommation énergétique en raison de l’augmentation massive des données échangées. En outre, l’impact de cette consommation sur l’environnement dépendra des sources d’énergie utilisées et notamment de la part des énergies non renouvelables.

Ce sujet important est toutefois à relativiser, compte tenu du fait que la consommation induite par les communications et le numérique ne représentent qu’une fraction de la consommation énergétique mondiale, soit presque 10% en comme le rapportait une publication de 2018 du CNRS.

La 5G sera-t-elle dangereuse pour la santé ?

L’OMS énonce : « À mesure que la fréquence augmente, la pénétration dans les tissus corporels diminue et l’absorption de l’énergie se limite à la surface du corps, à condition que l’exposition globale reste inférieure aux recommandations internationales. Aucune conséquence pour la santé publique n’est anticipée. ». Toutefois, si d’après Hervé Le Bars, à ce jour, entre 5 000 et 10 000 études sur les interactions entre le vivant et les ondes électromagnétiques radiofréquences sont effectuées et ne signalent aucun danger, l’attention est maintenue sur les risques potentiels.

Quels risques informatiques ?

Pour l’équipementier Huawei, accusé par les États-Unis d’espionnage par le biais d’infrastructures télécom, notamment la 5G, Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) et enseignant-chercheur en relations internationales et études stratégiques aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, énonce « la législation américaine n’a jamais apporté de preuve tangible » quant aux risques de sabotage et d’espionnage par Huawei. Egalement, Julien Nocetti parle d’une série de revirements de la part du Royaume-Uni sur la 5G, qui aurait souhaité récemment que la Chine soit bannie pour la supposée mise sous silence de Pékin quant aux origines du virus et aux pratiques liées à Hong Kong.

En ce qui concerne la protection des données personnelles, les opérateurs ont les mêmes devoirs de garantir la vie privée et la confidentialité des correspondances que pour la 4G depuis le RPGD (Règlement Général de Protection des Données Personnelles). Mais comme le précise Guy Pujolle, professeur émérite au LiP6, laboratoire informatique de recherche à Sorbonne Université, si les opérateurs développent des data centers pour gérer les antennes et nouvelles applications, il subsiste des interrogations quant à la possible exploitation des masses de données qui vont arriver dans ces data centers.

En France, en prévision de l’arrivée de la 5G, des études sont actuellement menées pour évaluer l’exposition aux ondes électromagnétiques, notamment par l’ANFR qui a installé des capteurs de mesures de l’exposition autonomes dans plusieurs grandes villes de France, afin de surveiller son évolution.

Retrouvez également dans l’article « Tout comprendre à la 5G » publié dans le journal Cnews le 23/08/2020  les explications d’Alain Sibille sur l’arrivée de cette technologie.